Le temps était au gris, une fois encore... L'hiver et ses intempéries, quelle douce délectation ! La nature était des plus calme, le vent était léger et impalpable. Les animaux se faisaient rare, tout comme leur mélodieuse choral se faisait secrète. Les arbres étaient nus, leurs feuilles aux teintes multicolores clairsemées sur la terre.
L'odeur de la forêt était des plus enivrante. La rosée du matin, gelée et cristalline - poussière des fées - donnait un goût particulièrement suave, à qui sait sentir.

Naïry était de ces personnes. Elfe de nature, l'essence même de la Terre lui était à portée. Sans oublier sa proximité avec celle qui est Tout et Un à la fois, la Nature.
C'était la période qu'elle préférait, l'hiver. Les nombreuses transformations la surprenaient toujours, tendant vers la perplexité et l'émerveillement. Il est vrai, le soir, on se couchait avec l'image d'un arbre aux teintes rougeoyantes et on se réveillait avec l'image d'un arbre nu... Surprenant cycle de la nature et des saisons !

Malgré les nuages zébrant de part et d'autres le ciel, quelques rayons de l'astre solaire transperçaient la nuée de gouttelettes d'eau. Aussi, rependaient-ils, ci et là, leur couleur dorée et chaude.
Néanmoins, l'air restait frais, avoisinant les cinq degrés. On était loin de la chaleur de l'été !

La jeune elfe était emmitouflée dans sa cape en fourrure brunâtre, des bottes aux pieds et son capuchon relevé sur sa tête, la camouflant entièrement. Au milieu de ces pivots vivants aux ramures qui tentaient d'effleurer le ciel argenté, Naïry se fondait parfaitement dans la masse.
Elle restait cependant visible, à qui sait regarder...

La jeune femme jouissait de sa liberté autant que de sa solitude. Elle était ivre de cet état de plénitude... Loin de ses semblables comme toujours. Loin de sa véritable nature...
Ses pas étaient graciles et silencieux. Naïry ne courait pas à travers bois : elle dansait, sautait, tournait sur elle-même, ses bras tantôt le long de son corps tantôt ouvert, les paumes tournées vers l'extérieur.
Elle respirait cet air si pur, paupière close, un sourire enfantin sur ses lèvres rosées.

Elle se serait sans doute aperçue qu'elle n'était pas seule en ce lieu si son esprit n'avait pas été entièrement tourné vers l'amusement et la plénitude. Sans doute...

Furieux - le jeune soldat fulminait. Etre bloqué sur cette île depuis seulement deux jours, il n'en pouvait plus. La rencontre qu'il avait fait le jour même de son arrivée avec Silk Friss l'avait perturbé bien plus qu'il ne voulait l'admettre. Comment une chose pareille pouvait-elle exister ? Cela le dépassait.
De plus, Aznar se sentait seul. Il ne connaissait personne - et, il fallait bien l'avouer, il n'avait pas fait le moindre effort pour rencontrer du monde. Pourtant, ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Après tout, qui aimait être seul ? Mais le souvenir de son amie, morte sous ses yeux, le hantait et le soldat ne voulait pas s'attacher de nouveau à quelqu'un de peur de le voir mourir. Il avait conscience que son argument était faible et dérisoire : quelque chose lui soufflait qu'il n'aurait bientôt plus d'autre choix que d'aller vers les autres.

Ce matin là, il pleuvait. Le ciel était sombre, orageux. Il aimait tout particulièrement les nuances d'un violet profond qui se mélangeaient avec les lourds nuages gris. C'était la fine pluie qui l'avait tiré de son sommeil qui était très léger. Il avait cru rêver. Où était passé le soleil resplendissant qui régnait depuis deux jours ? Il n'en avait aucune idée, mais ce temps gris lui convenait parfaitement - mélancolique, furieux, tout comme lui. Il avait marché sur la plage, veillant un peu les alentours, échangeant deux mots avec un homme qui gardait le camp - non, il n'avait rien vu de suspect cette nuit. Bien. C'était tout naturellement que le jeune homme s'était dirigé vers la forêt.

Deux jours qu'elle le narguait, immense, imprévisible. Désarçonné, il ne voulait qu'un chose : l'observer. Il y pénétra à pas de loup, silencieux, les sens aux aguets. La végétation était verdoyante, démesurée, totalement différente de tout ce qu'il connaissait. Il n'en revenait pas. Les yeux partout, il tacha d'imprégner son esprit de ce qu'il voyait, tache immense, presque impossible. Ce ne fut qu'un entendant le bruit, léger, si léger qu'il se demanda une nano-seconde s'il ne l'avait rêvé, d'un pas, qu'il s'arracha à la contemplation de ce qui l'entourait.
Il du chercher un peu avant de la voir. Emmitouflée dans une cape verte, brune, elle était presque invisible. Tachant de rester dissimulé sous le couvert des plantes, il resta là, immobile, l'observant.

- Zut ! grogna Alix.

La jeune fille venait de se réveiller et découvrait, agacée, la pluie qui tombait averse. Alix n'aimait pas la pluie. Elle détestait le mauvais temps. Il ne lui fallu pas d'avantage de temps pour regretter le soleil qui régnait la veille.

- C'est pourtant pas compliqué de régler une bonne fois pour toutes la météo sur soleil !

Et puis bien entendu, tout le monde roupillait à l'exception des quelques hommes qui montaient la garde. Si Zanar en avait fait partie, encore, elle serai aller le voir, discuter avec lui. Il lui aurait surement dit de le laisser tranquille, qu'il devait être vigilent, mais bon.
Mais non. Son ami était invisible. Liloé dormait, Lyzaël aussi et Eäréwen aussi ! Elle allait devoir se débrouiller toute seule pour ne pas s'ennuyer. Debout, les bras croisés, la jeune fille ne savait pas du tout quoi faire. Si encore il avait fait beau. Elle aurait pu partir se balader sur la plage, piquer une tête, même. Mais là, avec ce temps, c'était juste hors de question. C'est alors qu'elle vit la silhouette sombre se faufiler sous le couvert des arbres de la foret. Ni une, ni deux, Alix s'élança, le plus discrètement qu'elle pu.

L'inconnu marchait vite. Avec toute cette pluie qui tombait, la jeune téméraire avait du mal à le suivre, d'autant qu'il semblait prendre grand soin de rester cacher sous les hautes plantes. "Il en a de bonnes, celui là. Comment je le suit, moi, si il se cache ?" En effet, la question était importante. Si le jeune homme restait invisible, Alix ne parviendrai qu'à se perdre. Elle en était persuadé, c'était une évidence : elle fonçait une nouvelle fois droit dans les ennuis.

Fait important : Alix est très peu attentive à ce qui se passe autour d'elle à moins d'y être forcé. Dans le cas présent, elle ne se sentait pas particulièrement dans l'obligation de bien observer ce qui se passait autour d'elle et suivait cet homme qu'elle ne connaissait pas en le quittant des yeux un peu trop souvent. Ce qui devait arriver arriva : elle finit par se perdre totalement. Déboussolée, désorientée, elle eu dans le premier temps de réflexe de crier pour appeler à l'aide. Il était forcément tout près, non ? Au moment même où le cri allait sortir de sa bouche, elle s'arrêta net : qu'est ce qui lui disait que ses intentions n'étaient pas mauvaises ? Et surtout, surtout, qu'est ce qui lui disait qu'elle n'allait pas tomber nez à nez avec une créatures tout droit sorti des enfers, comme elle en avait vu lors de son escapade dans la foret avec Zanar ? Gloups. Ces deux pensées lui suffirent amplement pour qu'elle ne veuille plus du tout hurler. Tachant de se faire aussi petite qu'une souris, elle avança dans la jungle qui l'entourait, tachant de se diriger approximativement dans la direction dans la quelle elle pensait que se dirigeait le jeune homme en jetant de nombreux coup d'œil en arrière afin de s'assurer qu'elle n'était pas suivie. Bon. Elle regrettait déjà cette escapaaaAAAA ...

Ce fut lors d'un de ces fameux coups d'œil en arrière qu'elle le heurta de plein fouet. Sous le choc, elle tomba net, sentant la terre amortir sa chute. Bien, très bien ! "Je dois avoir l'air maligne, assise par terre comme une idiote ! pensa-t-elle amèrement.
Celui qui la dévisageait, surpris, était bien plus grand qu'elle. Il avait de long cheveux brun et un regard brun également. Elle ne parvenait pas à identifier si la lueur dans ses yeux était bienveillante ou pas. Avalant sa salive avec difficulté, pas vraiment fière pour le coup, elle se releva maladroitement et lança la conversation de façon guère plus adroite.

- Ah ! Euh ... et bien dis donc, vous étiez drôlement bien caché !

- Ah ! Euh ... et bien dis donc, vous étiez drôlement bien caché !

C'était à elle que l'on s'adressait ? La jeune elfe ne prit absolument pas le temps de réfléchir, l'heure étant à l'action et non à la réflexion selon elle !
Elle effectua une roulade avant de se tapir derrière un buisson.
Là seulement, elle s'autorisa un débat intérieur...
La voix avait précédé le bruit de chute, qui lui même avait précédé à, ce qui semblait être, un choc.
Cette phrase, une simple constatation, provenait d'une charmante voix appartenant, sans aucun doute, à une jeune femme.

Mais à qui diable parlait-elle ?!! Naïry réfléchissait à vive allure, cela ne pouvait pas être à elle... Non, l'elfe ne connaissait pas cette voix. Elle l'avait même d'ailleurs jamais entendue ! Si ce n'était à elle, à qui alors ?!
Cachée à l'ombre d'un buisson épineux assez massif, Naïry était certaine de son invisibilité. Elle patienta donc que les battements de son cœur ralentissent avant d'aller à l'encontre de ces inconnus. L'attente ne dura que l'instant d'un battement de cils.

Discrètement, elle s'approcha de la source du bruit, et donc de la voix.
Curieuse de nature, Naïry était à quelques centimètres d'eux, même si elle savait qu'au seul faux pas elle serait visible.
Féline, elle parvint à se dissimuler derrière de hautes herbes, où elle pourrait décemment observer - ou plutôt espionner - les deux individus.

Deux.
Une jeune femme qui doit avoir à peu près le même âge que l'elfe, belle, chétive, des yeux aussi vert que ne l'est la forêt en été, des cheveux pareils à la flamme ardente d'un feu, une longue cicatrice qui commence à la commissure de ses lèvres jusqu'au creux de sa carotide. Elle dégage une aura chaude... Ses yeux, reflets de l'âme, son vifs, perçants, chaleureux et curieux.
Ses mouvements étaient, cependant, empreint d'une maladresse visible...
Le second individu est un homme. Elle le voit de dos, mais sa carrure étant imposante lui permet de statuer sur son sexe.

Sans réfléchir, elle se propulsa vers l'avant, se mettant ainsi à découvert. Ses gestes étaient calmes et posés. Naïry ne désirait pas leur faire peur... Elle savait leur affolement à la vue d'un être de l'île. Elle connaissait leur suspicion à l'encontre de ces habitants étranges. L'inconnu faisait peur aux humains. Naïry le savait depuis cette rencontre sur le camps, en compagnie d'Adam. Adam... Pâle écho d'une soirée aux allures floues et terribles... *Ne pense pas à lui ! Tu es ici, pas là-bas !* se sermonna-t-elle.

Naïry fit un détour, de sorte que les deux humains la voient en même temps. Elle ne voulait pas que l'homme se sente menacé. Compréhensible, non ?
Une fois qu'elle fut sûre que les deux humains l'aient bien aperçue, elle s'approcha d'eux ne s'arrêtant qu'à cinq pas des deux individus.
Là, elle s'inclina avec respect, les saluant d'un bref sourire.

- Je ne vous veux aucun mal... L'elfe retira son capuchon, dévoilant ses traits. Je m'appelle Naïry.

N'allez pas vous imaginer qu'elle fait cela dans un quelconque but ! Naïry est une marginale et une curieuse. Tout ce qui a un rapport avec les humains l'attire. Là, elle a une nouvelle occasion d'en savoir plus sur eux ! Et puis, elle pourra parler librement ! Pas d'épée de Damoclès au-dessus de la tête !!!

Pour la discrétion, le jeune homme allait devoir repasser. Il n'avait pu la jeune fille qui la suivait, il ne l'avait pas non plus entendu arriver, trop occupé à observer celle qui marchait dans la forêt. Aussi, quand on lui rentra dedans, il ne pu s'empêcher de sursauter. L'espace d'un bref instant, il s'inquiéta : cette forêt, il ne la connaissait pas, il ignorait tout d'elle et des créatures qui pouvaient y roder. Le soulagement qu'il éprouva en entendant la voix fluette s'élever derrière lui fut sans limites.

Elle devait avoir dix sept ans, dix huit peut être. Les traits réguliers, des yeux verts rieurs, un sourire tout à fait charmant et une chevelure de feu. Une longue cicatrice barrait son menton et Aznar eu le sentiment d'un évènement douloureux. Elle avait cet air décidé que prennent souvent les jeunes gens plein de caractère : prête à tout, la jeune fille qui se tenait devant lui et qui semblait à peine sortie de l'enfance était vraisemblablement prête à tout. Sa maladresse n'en était que plus touchante. Une autre fois, le soldat se serait fâché d'avoir été interrompu mais aujourd'hui, il n'y parvenait pas. Elle était ravissante et attendrissante. L'idée que sa place n'était pas du tout dans ce lieux étrange ne lui traversa pas l'esprit : oui, elle était sans doute fragile, non, elle ne le paraissait pas. Il la salua d'un bref mouvement de tête, ignorant que répondre à son étrange salut. Il n'en eu cependant pas le temps. Derrière eux, il y eu un bruissement, infime mais bel et bien présent. Une drôle d'expression passa alors sur le visage de la jeune fille, toujours assise sur le sol, une expression qu'Aznar ne pu identifier. Il n'eut pas le temps de réfléchir d'avantage que la femme qu'il avait suivi apparu.

Étrange apparition, à vrai dire. Enveloppée dans sa cape sombre, elle en retiré rapidement sa capuche. Elle ne devait pas être beaucoup plus agée que la jeune fille assise par terre mais en semblait infiniment plus. Brune, ses cheveux semblaient ne pas finir. Ses yeux étaient d'un vert profond. Elle se présenta sous le nom de Naïry. Précisa qu'elle ne leur voulait aucun mal. "Pourquoi nous voudrait-elle du mal ?"

Aznar était perdu. Incapable de réagir. Incapable de détacher son regard d'elle. La femme, Naïry, dégageait quelque chose d'extrêmement étrange. Il ne savait pas réagir face à cela.

"Dingue comme il est pas bavard." Alix soupira. Elle détestait alimenter la conversation pour les autres. Non pas que cela ne lui posait un quelconque problème, on pouvait difficilement trouver plus bavarde qu'elle. Mais qui se contentait d'un bref salut de la tête ?

Il resta là, à la fixer, sans même l'aider à se relever. "Le rustre !" pensa Alix. Il était plus grand qu'elle - un homme, peut être plus jeune que Zanar, mais un homme quand même. Face à lui, elle n'était rien de plus qu'une pauvre gamine s'en intérêt. Grand, brun, le regard fier. Et pas bavard du tout. Bon.

- Tu sais ... Non, rien. Al ...

Au moment précis où elle allait se présenter, une femme passa. Une expression de surprise soudaine se peignit sur le visage d'Alix. D'où elle sortait, celle là ? Elle ne l'avait vu nulle part ! D'accord, Alix n'était pas des plus attentives, mais tout de même ... L'inconnue retira son capuchon bizarre qui cachait son visage et Alix fut soufflée. Naïry, puisqu'elle se nommait aussi étrangement, était vachement belle. Et elle, elle parlait ! D'emblée, Alix décida que la femme lui plaisait. D'un bond, elle se remit sur ses pieds. En deux petits sauts, elle fut juste à coté de Naïry.

- Wahou ! Tu es super belle ! Je m'appelle Alix ! Et lui ...

Elle se tourna vers le jeune homme qui, l'air perdu, les fixait bêtement.

- Lui, je sais pas. Il veut pas parler.

Parler, c'était clairement le domaine d'Alix. Combien de fois avait-elle entendu l'éternel refrain ! "Parles moi, ma fille ! Tu nous casses les oreilles ! Mais tu vas te taire, oui ? ALIX ! Je t'ai demandé de la boucler !" Son père s'énervait régulièrement après elle - trop bavarde, pas assez discrète, trop naïve, trop ... trop fille, en fait. Non pas qu'il ne l'aime pas - il avait toujours manifesté beaucoup d'amour envers ses filles.
Le souvenir de son père fit monter les larmes aux yeux de la jeune fille. Vite vite, elle ferma les yeux très fort, empêchant les petites gouttes d'eau de rouler sur ses joues. Quand elle rouvrit les yeux, le malaise était déjà bien loin. Guillerette, elle se tourna vers Naïry.

- Alors, tu es arrivée ici depuis longtemps ?

Un sourire radieux illumina ses traits jusqu'à ses yeux. Alix lui plaisait ! Elle était vivante, radieuse, bavarde et dynamique !!! Petite chose frêle ? Mais bien sûr ! Autant dire que le feu ne brûle pas, alors !
Naïry ne se sentait pas mal à l'aise, bien au contraire. Elle se sentait parfaitement "normale" et, qui plus est, trouvait normal de se trouver en compagnie de deux humains fraîchement débarqués d'un je-ne-sais-où.

L'elfe scruta l'homme. Grand, imposant et musclé. Ses cheveux à l'effigie des troncs d'arbre, lui tombent sur les épaules. Ses yeux, d'un bleu où la profondeur semble in-mesurable, dévoile de son caractère d'un calme sans limite... Ainsi qu'une constante vigilance. Ses traits sont réguliers et inspirent la confiance au premier coup d'œil.
D'ailleurs, la jeune elfe trouvait marrant de voir que l'homme - dont le nom semblait inconnu à Alix - était perdu. Son expression tirait entre la fascination et la perplexité voire l'étonnement.

*Pas de peur...*
Chose extraordinaire ! La dernière fois qu'elle avait eu affaire à des humains - c'est-à-dire la première fois qu'elle avait parlé avec l'un d'entre eux - ils avaient été méfiants et un peu peureux. Tout au moins l'homme, le dénommé Lyz-quelque-chose.

L'homme était captivant... Autant qu'Alix ne l'était !
Le sourire de Naïry s'élargit encore plus lorsqu'elle s'aperçut que l'homme la fixait, comme hypnotisé. Dire qu'elle appréciait cela, serait mentir ! Elle trouvait son regard étrange, posé aussi insistant sur elle. Mais bon, après tout son propre peuple la regardait ainsi !

- Enchantée Alix !! Tu es toi aussi très belle !

Répondit-elle à l'humaine qui se trouvait juste à côté d'elle en lui lançant un clin d'œil malicieux.
Naïry se demandait pourquoi l'homme ne voulait pas parler. Elle allait poser la question lorsqu'Alix posa une question sans sens à l'elfe.
Un moment perdue, Naïry dégagea de son front une mèche de ses cheveux, comme pour faire bonne figure le temps de trouver une réponse adéquate.

- Si je suis arrivée ici depuis longtemps ?... Je suis née ici.

Etre muet présente un handicap - ou du moins, c'est ce que pensent bon nombre de personnes. Mais sans rien dire, Aznar avait apprit le prénom des deux jeunes femmes. Il en savait déjà un bout sur leur caractère qui était, semblait-il, assez semblable. Il eut un sourire. Oui, elles semblaient faites pour s'entendre. Alix, la jeunesse incarnée, joie de vivre et sourire de feu. Naïry, plus discrète mais l'air tout autant enjouée. C'est ainsi que le soldat voyait les femmes qui déjà parlait comme si elles se connaissaient depuis toujours. Il prit soudainement conscience que son silence frisait l'impolitesse. c'est de sa voix grave qu'il prit la parole.

- Je suis Aznar. Aznar Roland.

Il ignorait ce qu'il pouvait ajouter. Alix semblait tellement à l'aise pour converser. La personne dénommée Naïry également mais elle lui semblait cependant étrange ... différente d'eux. Il ne parvenait pas à s'imaginer leur dire qu'il était enchanté de faire leur connaissance. Il ne l'était pas spécialement, du reste. Non, le jeune homme était plus curieux qu'enchanté. Curieux et ... inquiet. Que se passait-il sur cette île ? Pouvait-il se permettre d'insister sur le fait qu'elle était née ici ? Elle avait dit qu'elle ne leur voulait aucun mal. Perdu, le soldat chercha une réponse dans le regard vert foncé de la femme qui disait se nommer Naïry. Pourquoi ?

- Vous avez précisez que vous ne nous voulez aucun mal. Pourquoi cela ? Nous ne sommes pas seuls, ici ?

Le naga qu'il avait croisé ne l'avait que peu renseigné. Aznar savait que la mer était peuplée de ce peuple et que les humains, fuyant la guerre, arrivaient en grand nombre. Du reste, il ne savait rien. Peut que le jeune Alix était d'avantage au courant que lui. Il décida de se tourner vers elle.

- Mademoiselle Alix ? Etes-vous ici depuis longtemps ?

HRP : Je suis désolé pour le retard et le manque de qualité de ce RP. Je tacherai de ma rattraper à la prochaine réponse.

Elle ... Quoi ? Comment pouvait-elle être née ici ? C'était impossible ... Alix fronça les sourcils, fixa d'un air décidé la femme qui lui faisait face, Naïry. Elle était vraiment née ici ? Alors ... alors elle n'était pas venue depuis le continent ? Elle n'avait pas connu autre chose que cette île ? Mais ... "Mais ! c'est pas possible ça !" Elle décida d'en avoir le cœur net.

- Attends, attends. Qu'est ce que tu racontes, là ? Mais ! Tu viens obligatoirement du continent ! Ici, il n'y a que des vampires ! En tout cas, c'est ce que m'a dit Arok.

C'est ce que lui avait dit Arok ... Un petit quelque chose fit soudain tilt dans la mémoire de la jeune fille. Le dragon n'avait-il pas parlé d'un autre peuple qui habitait sur une île magique ? Humm ... Si. Ça lui revenait. Impossible, par contre, de se rappeler du nom du dit peuple. Fronçant les sourcils, tachant de se souvenir, elle reporta son attention sur Naïry.

- Ça c'est complètement dingue ! Tu n'as jamais connu autre chose que cette île ? Tu es sûre ?

Question stupide. Bien sur, qu'elle en était sûre ! "Elle est quand même mieux au courant que moi de sa vie ..." songea Alix, se disant que pour une fois, elle allait se taire avant de raconter d'autres bêtises. A peine eut-elle pensé cela que le jeune homme dénommé Aznar lui adressa la parole, lui demandant si elle était là depuis longtemps. Bah ...

Depuis combien de temps était-elle là ? Alix renvoya un regard inquisiteur vers l'homme. Elle ne savait plus. Depuis qu'elle était arrivée sur l'île de Revia, la jeune femme avait perdue toute notion du temps. Elle soupira avant de regarder l'homme.

- Sincèrement, je ne sais plus. Je dirai deux semaines, à peu près ... J'ai perdu toute notion du temps. Et euh ...

Le tutoyer ? Le vouvoyer ? Que dire ? Elle tutoyait bien Zanar ... "Oui, mais ce n'est pas pareil." décida Alix.

- Et vous ? finit-elle par murmurer.

Des questions... Encore et encore !
Naïry savait, quand elle s'était montrée aux deux humains, ce qui en résulterait. Elle connaissait la curiosité inassouvissable de ces êtres venus de la mer. Et, pour une raison très mystérieuse, c'était justement cela qui attirait notre très chère elfe vers ce peuple !

Les elfes, c'était bien connu, n'était pas curieux. Loin de là !!! Ils ne désiraient pas entendre, ni savoir ce que l'un des leurs faisait ou pensait. C'était en quelque sorte une valeur - ou plutôt une norme - de ce peuple aux oreilles pointues.
Naïry, pour bien faire les choses, était à la fois une marginale et une curieuse de nature. Disons qu'elle se sentait proche avec ces humains...

- Pour répondre à ta question Aznar, cette île grouille d'une multitude d'espèces plus ou moins dangereuses. Ne sachant pas si vous aviez déjà été confronté à un habitant de Revia depuis votre... débarquement, j'ai préféré me présenter à vous comme une amie, ne désirant pas avoir la peau trouée !

Naïry sourit ironiquement à l'homme. Si elle savait lire dans les esprits, l'elfe aurait sentit qu'Alix se demandait tout plein de chose, comme par exemple si elle devait tutoyer ou vouvoyer l'homme. Naïry ne s'était même pas posé la question. De un parce que jamais elle n'a tutoyé quelqu'un dans sa vie. Enfin, cela ne lui a même pas effleuré l'esprit...

Ainsi Alix était ici depuis deux semaines... Enfin, si elle ne se trompait pas. Elle était désireuse d'en savoir un peu plus sur ces hommes venus par-delà la mer. Mais avant, elle devait répondre aux questions posées...

- Non, je ne connais rien d'autre que cette île !! Et j'en suis la première choquée !!! Naïry adressa un clin d'œil malicieux à Alix, avant de reprendre son sérieux. Comme je l'ai dit à ton compagnon, Revia possède une assez vaste faune et flore. Bien entendu, les vampires, comme ton ami... Arok te l'a dit.

Naïry sourit chaleureusement à l'humaine, et continua tout en entortillant une mèche de cheveux avec sa main.

- Néanmoins, il existe d'autres peuples comme les Nagas, les elfes et d'autres créatures, comme les dragons par exemple... Vous n'êtes pas seul sur cette île !

Une fine bruine se mit à tomber... Quelques éclairs zébrèrent le ciel avant de retentir. Douce symphonie de la nature. Naïry se délecta de cette sensation - de l'eau qui s'écrase sur le visage avant de ruisseler tout doucement et de finalement terminer sa chute.

C'était trop d'information pour Aznar. Le jeune homme ne savait plus où donner de la tête. Les deux jeunes femmes apportaient chacune leur lot de nouveautés. Le soldat, perdu, inquiet face aux révélations de Naïry, se tendit et posa sa main sur la garde de son épée, prêt à réagir au moindre bruit. Mais à présent, il comprenait parfaitement pourquoi la jeune femme s'était présenté en leur précisant qu'elle ne leur ferai aucun mal.
Et puis Alix parla. Deux semaines ? Comment avait-elle pu tenir durant deux longues semaines sur cette île ? Lui même n'était là que depuis deux jours et déjà il n'en pouvait plus. Le temps semblait ne pas avancer et le jeune homme se sentait prisonnier d'un lieu qu'il ne quitterai surement jamais.

- Je suis ici depuis deux jours et j'espère pouvoir repartir au plus vite. Je n'ai aucune envie de rester sur cette île plus longtemps.

Il eu un signe de respect envers Naïry, une manière de lui faire comprendre qu'il ne voulait en aucun cas l'offenser en disant cela. La jeune femme lui était à priori sympathique et il n'avait dans l'immédiat rien contre elle, d'autant plus qu'elle pouvait leur apporter des informations utiles.
Il ramena son attention sur Alix. Elle semblait si jeune, innocente et joviale. Très expansive, elle s'était montré extrêmement surprise de l'annonce qu'avait faite Naïry en disant qu'elle n'avait pas connu autre chose que cette île. Aznar avait sourit devant la réaction trop exagérée à son goût d'Alix. L'enfant, car à ses yeux, elle restait une enfant, n'avait rien à faire ici. Cette réflexion faite, il lança un regard froid à Alix. Pas dédaigneux, non, mais un regard qui montrait suffisamment clairement que sa place n'était pas dans cette forêt avec eux. Et puis Naïry annonça qui ils pouvaient voir sur Revia et Aznar chassa aussitôt Alix de ses pensées. Il avait nettement mieux à penser. Pour ce qui était des nagas, il en avait déjà rencontré un. Silk Friss s'était montré sympathique mais Aznar n'avait toujours pas exclu l'idée qu'il pouvait très bien lui raconter n'importe quoi. Des vampires, la jeune Alix semlait être au courant … Quant aux Elfes … Aznar était persuadé, maintenant qu'elle en parlait, que Naïry était une elfe. C'était comme une certitude, à présent. Il décida cependant de ne rien dire, se contentant de l'observer un long moment pendant que la pluie tombait sur eux.

Alix n'en revenait pas. Naïry ne pouvait pas réellement ne rien connaître d'autre que cette île ! C'était complètement fou, impossible et ... Alix ne pouvait pas y croire. Elle l'écouta quelques instants énumérer les différents peuples que l'on pouvait trouver sur Revia : des vampires, des Nagas - Alix grimaça à ce mot - des créatures, des Elfes ... Et les humains, dans tout ça ? La jeune femme qui se tenait face à Alix était selon elle bien humaine. Bien sur, Alix n'avait pas la moindre idée de ce dont à quoi pouvait ressembler un elfe ou autre chose aussi la question ne se posait-elle pas : Naïry était humaine. Elle allait en parler lorsqu'elle intercepta le regard froid d'Aznar braqué sur elle.

Plus que froid, glacial. Alix tressailli. La jeune fille n'eut pas besoin d'en savoir d'avantage pour comprendre ce que pensais Aznar : elle n'avait rien à faire là. Bien, bien ... Elle lança un regard amical à Naïry, regard un petit peu désolée aussi, avant de lancer une dernière phrase à l'attention d'Aznar.

- Je te souhaite bien du courage pour quitter ce lieu, dans ce cas là.

Oublié, le vous. Oublié, le ton respectueux. Elle avait parlé d'une voix sèche et avait tourné les talons vers la plage. Elle n'allait quand même pas rester là à attendre alors qu'on lui avait fait clairement comprendre qu'elle n'avait rien à faire ici !
Alix marchait vite. Intérieurement, elle grommelait à propos de tous ceux qui lui avaient fait sentir qu'étant juste une gamine, elle n'était pas à sa place sur cette île. D'abord Zanar, maintenant lui ... sans compter une foule de marins. Non pas qu'elle ne se doutait pas que cela se produirait un jour où l'autre, mais Alix restait une jeune fille dynamique qui n'appréciait pas se faire rabrouer. Elle gagna vite la plage qui était en fin de compte plus proche qu'elle ne le croyait et alla s'installer au bord de l'eau, tournant le dos au camps et repliée sur elle même, histoire de bien montrer qu'elle ne voulait pas qu'on vienne l'embêter.

Naïry ne comprit pas ce qui se passa sur l'instant. Elle sentit juste qu'Aznar était respectueux envers l'elfe mais pas envers Alix... Enfin, ce n'était pas réellement un manque de respect mais juste ce qu'il pensait au fond de lui. Alix était bien une jeune femme, innocente et naïve - à la surface seulement.
A l'intérieur, Naïry sentait qu'Alix était plus forte qu'elle ne le laissait croire. Son caractère len prouvait, là à l'instant ! La jeune humaine tourna le dos à ses compagnons, après un regard amical, un brin désolé envers l'elfe et une phrase adressée à l'homme. Elle quitta la forêt sans un regard en arrière et regagna ainsi la sécurité de la plage.

- Sans être une donneuse de leçon, sache que l'âge ici ne prévaut pas le courage. Dit l'elfe, d'un ton neutre.

Elle ne rapportait que ce qu'elle pensait et ce qui était vrai. Sur Revia, le plus courageux et brave qu'il soit âgé ou non s'en sortait vivant de n'importe quelle situation...
Naïry se rapprocha de l'orée de la forêt, sans pour autant quitter la sécurité que lui apportaient les arbres. Elle observa un instant l'humaine qui s'était repliée sur elle-même, installée au bord de la mer.

- Je pense qu'elle ne désire pas être dérangée... Dit-elle à voix haute, plus pour elle-même que pour un possible auditoire.

Finalement, elle retourna auprès d'Aznar, un sourire amical sur les lèvres.

- Nous voilà plus que deux ! Dis-moi, comment est votre monde, à vous les humains ?

C'était vrai, les rares fois qu'elle avait rencontré des humains, ils l'avait assaillie de question sur Revia et les alentours... Naïry n'avait jamais vraiment pu poser les questions qui lui tenait à cœur.

Aznar regarda la jeune fille tourner le dos sans le moindre regret. Non, il ne s'en voulait pas. Penser le contraire serai stupide. Aznar était un soldat et dans son esprit, dans ce qui l'avait dirigé durant plusieurs années, une fillette n'avait rien à faire dans des lieux comme l'était cette forêt. Il lui jeta un regard neutre quand elle lui souhaita bien du courage pour quitter l'île. Pour qui se prenait-elle ? Pensait-elle réellement qu'il ne savait pas quels étaient les difficultés qui se présenteraient à toute personne voulant quitter cette île ? Bien sur qu'Aznar en avait conscience mais cela ne le poussait pas à songer qu'il ne pourrait jamais partir. Bien au contraire. S'il ne voulait pas regagner le continent et l'endroit où il avait vécu, le soldat ne voulait en aucun cas rester ici. Oui, la situation était paradoxale mais l'époque dans la quelle il vivait était faite de choses étranges.

Non, ce qui embêta Aznar ne fut pas le départ d'Alix mais plutôt le reproche non dissimulé que lui fit Naïry. Il la regarda longuement, d'un air neutre. Comment lui expliquer ? Ici, tout semblait différent et il se doutait qu'elle ignorait tout de sa façon de vivre des humains. Quand elle se dirigea vers la plage, empruntant le chemin qu'avait pris Alix, il la suivit, réduit lui aussi au silence. Les gouttes filtraient par moment le mince abri que leur offrait les feuilles des arbres et Aznar tentait régulièrement de chasser une goutte de pluie qui avait le malheur de s'écraser sur ses cils. Observant la végétation humide, il ne remarqua pas que Naïry s'était arrêté et manqua de la bousculer. Quand il releva la tête après s'être excusé, la plage était sous ses yeux. La jeune femme avait pris la précaution de rester camouflée sous le couvert des arbres, marquant une nouvelle fois sa différence vis à vis des humains. Sur la plage, au bord de l'eau, Alix semblait perdue dans ses pensées. L'espace d'une seconde, Aznar se demanda comment elle pouvait bien rester aussi près de la mer avec cet orage qui grondait. Quand Naïry la questionna, il la regarda et lui sourit.

- Tu n'es donc pas humaine ... Ce n'est pas une surprise, à vrai dire.

Oui. Tout clamait qu'elle était différente. Physiquement, bien sur, mais aussi dans la façon qu'elle avait de regarder le campement autour d'elle, dans ses questions, ... Elle n'avait rien d'humain.

- Notre monde ?

Il soupira.

- Notre monde se nomme Bolendil et en ce moment, il est ravagé par la guerre. Les hommes sont bien souvent bêtes et cupides et semblent prendre grand plaisir à s'entre tuer. Je suppose que la jeune Alix t'aurai répondu tout autre chose.

C'était même une évidence. La fillette était jeune et le soldat pouvait sans risque parier tout ce qu'il possédait qu'elle ne connaissait pas l'horreur de la guerre.

- Sache que je n'ai pas voulu lui manquer de respect, tout à l'heure. Mais dans mon monde, une enfant comme elle n'a rien à faire dans une foret comme celle-ci. C'est ainsi et ici, tout semble différent ... Mais parles-moi de toi. Tu n'es pas humaine, soit. C'est déjà suffisamment dur à accepter mais ma curiosité me pousse à te demander qui es-tu, dans ce cas là ... Accepterai-tu de me le dire ?

[HJ : Alix va passer un ou deux tours, bref elle reviendra plus tard ^^]

Bolendil. Ce nom sonnait étrangement mystérieux aux yeux de l'elfe.
Bolendil... Un territoire qu'elle ne connaitra sans doute jamais. Revia serait très certainement le seul lieu qu'elle connaitra. Ne pas désespérer, les elfes vivent longtemps. Peut-être qu'un jour, son peuple migrera vers des lieux inconnus et qu'elle le suivra. Ou bien, elle prendra une barque et partira au gré d'un vent au goût suave de l'aventure...

Naïry écouta attentivement les paroles d'Aznar. Il semblait avoir un avis particulièrement négatif vis-à-vis de ses semblables et de ses terres d'origines... Quel lourd passé pouvait-il trainer derrière lui ? L'elfe ne douta pas que l'homme savait de quoi il parlait. Il semblait dégouté...
Comme quoi, chaque peuple, chaque pays, chaque culture était semblable. Après tout, elle aussi avait des propos aussi négatif pour parler de son peuple... C'était ainsi.
Le passé rattrapait toujours le présent... Le futur restait inaccessible, tout juste palpable par certains...

Quand il revint sur sa conduite envers Alix, il ne s'excusa pas. Quoi de plus logique ? Une personne qui venait à demander pardon n'était pas certain de ses actes et de ses choix. Aznar l'était. Il s'expliqua, dévoilant ainsi à la jeune elfe une de leurs "coutumes". Ainsi, Alix était une enfant dans leur monde ? Pourtant elle devait avoir à peu près l'âge de Naïry ! Elle en resta un instant muette de stupéfaction... Si elle partait, elle serait elle aussi considérée comme une enfant ? Une petite fille ignorante et naïve ? L'âge n'avait, ici, aucunes interjections avec le fait d'être ignorant ou de ne pas savoir se protéger des dangers... De cela, Aznar en avait bien conscience.

- Je respecte tes paroles et tes actes. Un homme est libre d'agir et de faire ce que bon lui semble, tant que c'est ce qu'il pense être juste. Même si j'avoue être consternée par le fait que, chez vous, l'âge est ce qui détermine l'individu, et non ses actes... Mais comme tu l'as dit, ici tout est différent pour vous. Puisque c’en est ainsi pour vous, là-bas le sera pour nous.

Naïry sourit et continua, après un petit silence.

- Mais je crois que nos deux mondes se ressemblent bien plus qu'il n'y parait...

Ellle leva la tête vers le ciel, ne doutant pas en son for intérieur d'avoir raison. Oui, leur monde était semblable... Après tout, ici aussi la guerre était sur le point d'éclater. Ici aussi, les habitants étaient souvent bêtes et cupides... Les elfes ne se souciaient pas des humains. Pire, ils les espionnaient afin de déterminer s'ils étaient un danger, une menace pour eux ! Les vampires et les nagas détestaient les elfes... Et il y avait le Magicien...
Les jours qui allaient venir seraient sombres.

- Mais tu m'as posé une question. Je ne vois aucune raison à ne pas accepter de te dire qui je suis réellement, même si une "race" ne détermine pas l'individu...

Elle lui fit un clin d’œil afin de bien appuyer sur le fait qu'elle plaisantait gentiment. Elle se passa une main dans sa longue chevelure, faisant cliqueter les breloques en un son mélodieux au même rythme que la pluie tombait...

- Je suis née sur Revia en tant qu'elfe. Mais sache que je suis Moi, Naïry Lwing, et rien d'autre. L'identité d'une personne n'est pas sa provenance...

Il la remercia d'un hochement de tête. Il appréciait le fait qu'elle respectait ses actes et ses paroles bien que Naïry semblait interdite face à cette limite que provoquait l'âge d'Alix. Il tâcha de lui expliquer.

- A vrai dire, sur Bolendil, une personne de l'âge d'Alix n'est pas censée faire quoi que se soit. En fait, c'est surtout vrai pour les personnes du sexe féminin. ajouta-t-il plus bas. Sur Bolendil, la parole de la jeune Alix n'aurait aucune valeur et étrangement, je n'ai pas l'impression que ce soit le cas sur le campement. J'ignore ce qu'à fait cette enfant ...

La dernière phrase ne s'adressait pas particulièrement à Naïry. Aznar était bel et bien stupéfait par le fait que, sur le campement humain, les hommes semblaient faire confiance à la jeune fille. "J'essayerai d'en savoir d'avantage sur elle." se promit-il. Rapportant son attention sur Naïry, il lui adressa un sourire amical.

- Peut être avons-nous tout faux, je l'ignore. Peut être avons-nous beaucoup à apprendre, sur cette île ... Mais, pourquoi dis-tu que nos deux mondes se ressemblent plus qu'il n'y parait ? Je t'avoue que pour le moment, je ne vois aucune ressemblance ...

C'était vrai. D'abord le naga, ensuite cette forêt, et maintenant Naïry, qui était si différente. Pour le jeune soldat, tout sur cette île était différent de ce qu'il connaissait. A vrai dire, Aznar était un petit peu perdu, ici. Voilà deux jours qu'il était présent sur Revia et il n'arrivait pas à comprendre comment fonctionnait l'île. La panique semblait régner sur le campement mais Aznar ne savait pas d'où cela venait, personne n'ayant pris le temps de lui expliquer. Quand Naïry repris la parole, il l'écouta attentivement, tachant de ne pas prêter garde au cliquetis de ses bracelets.

- Je suis née sur Revia en tant qu'elfe. Mais sache que je suis Moi, Naïry Lwing, et rien d'autre. L'identité d'une personne n'est pas sa provenance ...

Aznar n'était étonnamment pas surpris. En fait, il ignorait ce qu'elle aurai pu être. A partir de l'instant où il avait appris qu'elle n'était pas humaine, plus rien ne pouvait le surprendre. Il hocha la tête calmement, se demandant ce qui caractérisait un elfe. Il s'assied sur un tronc d'arbre, tâcha de garder les idées claires.

- J'ignore comment réagir, à vrai dire. Je ne sais rien des Elfes, alors ...

Il eu un geste de la main qui signifiait que de ce fait, il ignorait quoi lui dire.

HRP : Je suis vraiment navré du temps de réponse. Je crois que sans le MP que m'a envoyé Alix, j'aurai oublié ... Mon excuse n'est pas des plus originales, je suis en pleines révisions pour mes partiels. Je tâcherai de répondre plus rapidement la prochaine fois. Oh, et Alix m'a également dit qu'elle répondrait après mon post. Voilà !

Aznar tenta d'expliquer le pourquoi du comment. Naïry commençait à comprendre... Sur Bolendil, même sa parole à elle n'aurait pas compté. Ces humains, ils se basaient plus sur l'âge physique que sur l'âge moral ! C'était en même temps surprenant et insultant. Mais Naïry préféra ne rien dire. Après tout, une culture ne se discutait pas ! C'était comme cela là-bas, ici c'était différent et visiblement le jeune homme commençait à s'en apercevoir...
Apparemment sur leur camps, Alix était écoutée et entendue. L'elfe se posa la même question que Aznar : qu'avait-elle bien pu faire pour susciter l'attention de son peuple ?

Aznar lui demanda de s'expliquer vis à vis de la soi disant ressemble des deux mondes. L'elfe ne savait pas trop quoi lui dire, ou plutôt comment le lui expliquer...

- Tu ne vois pas la ressemblance ? Quelles que soient les peuples et les lieux, l'Homme se rend coupable d'atrocités... La guerre, la mort, la colère, la haine... Et j'en passe.

En parlant de l'Homme, elle entendait les humains, les elfes, les nagas, les vampires... Elle englobait les différents peuples dans un même sac. Ils étaient tous pareils !

- Avec l'arrivée de ce fichu Magicien ! On va droit à la catastrophe, crois-moi... Avec ceux qui seront avec lui et ceux qui se rebelleront. Ça va péter ! Mais bon, t'as du en entendre parler.

Naïry le regarda s'asseoir sur un tronc d'arbre tout en l'écoutant. C'était vrai qu'elle lui avait dit ce qu'elle était, sans vraiment se rendre compte que les humains ignoraient jusqu'à leurs existences ! Qu'est-ce qui qualifiait un elfe ? La jeune femme ne s'était jamais posée la question... Elle entreprit de fouiller sa mémoire sur ce qu'elle savait.

- Je ne pense pas qu'il doit forcément y avoir une réaction... A vrai dire, je ne sais même pas ce qu'un elfe à de plus ou de moins qu'un humain, qu'un nagas ou qu'un vampire... Je sais juste qu'on est très proche de la nature et de ses bienfaits...

Alix était restée durant de longues minutes assise près de la mer. Par moment, des vagues venaient lui lécher le bout des pieds. La jeune fille avait fini par s'allonger. Les mots, blessants, d'Aznar résonnaient encore dans son esprit. N'avait-elle réellement rien à faire sur cette île ? N'était-elle pas à sa place ici ? C'est ce qu'elle avait pensé également. Au début, tout au moins. Zanar lui avait assuré le contraire. Et s'il s'était trompé ? Pourtant la jeune fille se sentait ici chez elle - une première. On lui avait souvent fait comprendre qu'elle n'était pas au bon endroit, même chez elle, même ses parents, parfois. Ici, tout était différent. C'était loin, elle n'avait plus les siens mais Alix s'y était faite. Était-elle de trop ici aussi ? Ce n'est pas à lui de décider." songea avec force Alix avant de se relever. Elle allait y retourner et lui dire sa façon de penser, à cet Aznar !

Alix traversa la plage au pas de course, déterminé à les retrouver rapidement. Elle ne savait plus exactement par où elle était passé, s'étant contenté de suivre Aznar, mais elle retrouverai bien le chemin. Au moment où elle allait entrer dans la foret, elle entendit une voix l'appeler. Elle se retourna, aperçu Zanar qui lui demandait ce qu’elle allait faire dans la foret, lui rappelant qu'il était préférable qu'elle ne s'attire pas d'ennuis. Elle soupira, leva les yeux au ciel et tourna les talons sans prendre la peine de lui répondre. Par chance, il n'insista pas. Alix pénétra dans la foret sans regarder devant elle. Il s'en fallu de peu pour qu'elle n'entre pas encore en collision avec Aznar qu'elle ne s'attendait pas à voir si près de l'orée. " Hein ? Que font-ils déjà là ?"

- Oh ? Vous avez bougé, depuis tout à l'heure ? demanda-t-elle stupidement avant de se tourner vers Aznar. Toi. Tu n'as pas le droit de décider pour moi d'où je peux être ou non. C'est à moi seule de savoir si j'ai ma place ici. Tu peux demander à qui tu voudra sur le campement. J'ai ma place sur cette île. assena-t-elle fermement en le regardant droit dans les yeux.

Bon ... Elle avait peut être été un peu loin. Mais elle avait apporté beaucoup aux humains et ça, personne ne pouvait le nier.

Aznar écouta attentivement Naïry. Bien sur, elle n'avait pas tord, la guerre était omniprésente partout. Pourquoi ? Tous les peuples et toutes les terres en étaient-elles rendues au point de se mutiler ? Possible. Aznar savait cependant que lui ne voulait plus connaitre ça. La guerre, il avait déjà donné et pour lui, c'était fini. Il hocha vaguement la tête.

- Tu as raison.

Oui, elle avait raison, bien sur qu'elle avait raison. Elle était intelligente, cela sautait aux yeux. Intelligente et bien plus au courant que lui de ce qui se passait sur cette île. Il écouta tout ce qu'elle disait sur un certain magicien dont lui n'avait jamais entendu parler. Elle parla également du fait qu'elle ignorait ce qui faisait la différence entre un Homme, un Elfe ou encore un Naga. Les Elfes étaient proches de la nature ? En cela, ils étaient différents des humains. Pour Aznar, c'était une certitude. Il ne voulu pas s'attarder sur ce point, préférant avoir des informations sur le magicien.

- Je vois. Excuse-moi, mais tu as parlé d'un magicien ? De qui s'agit-il ? Tu peux m'en dire d'avantage ? Je n'ai pas entendu parler de cette histoire et d'après ce que tu me dis là, il s'agit d'une chose importante ...

Un bruit dans les feuillages le fit sursauter. Une ombre arriva et d'un seul coup, Alix fut tout près de lui, prête à le percuter une nouvelle fois. L'expression vaguement surprise qui s'afficha sur le visage de celle qu'il considérait comme une enfant le fit sourire. Il allait répondre par l'affirmatif lorsqu'elle demanda s'ils avaient bougé quand l'expression de surprise présente sur le visage d'Alix changea. Aznar ne pu s’empêcher de reculer légèrement. Elle lui fit comprendre d'une voix froide et d'un ton déterminée qu'elle était seule juge pour décider si elle avait où non sa place sur l'île. Sa fermeté impressionna Aznar qui ne put s'empêcher d'incliner légèrement la tête.

- Je me suis peut être un petit peu emporté. Mais tu sais très bien que sur le continent, j'aurai eu raison.

Argument irrecevable : ils n'étaient plus sur le continent. Aznar savait qu'Alix lui en ferai la remarque. "Elle ne manque pas d'aplomb, en tout cas !" remarque le soldat. Peut désireux de continuer la conversation sur cette lancée, il se tourna vers Naïry.

- Avant qu'Alix ne revienne je t'interrogeait justement sur la magicien. Pense-tu pouvoir m'en dire plus ?

Je viens de remarquer que je me suis trompé, j'ai répondu à la place de Naïry ... Désolé Naïry ! Du coup on change un peu l'ordre de réponse ?